Le bon la brute et le truand

Le Bon la Brute et le Truand est un western devenu culte. Combien d'entre nous l'ont vu et revu sans s'en lasser ? Comme l'on peut s'en douter, il y a trois personnages centraux : Joe (joué par le bon Clint), Tuco le truand et Setenza la brute. L'action se situe pendant la guerre de Sécession où un coffre rempli de pièces d'or a été volé à l'armée sudiste. Et que l'on soit bon, brute ou truand, un coffre rempli de 20000 Dollars ça donne à réfléchir. Le problème dans cette course au pognon, c'est que chacun à besoin de l'autre. Tuco connait le nom du cimetière où l'argent est caché, tandis que Joe connait le nom de la tombe. Et si l'argent n'a pas d'odeur, il n'en demeure pas moins qu'il attire beaucoup de monde. Les deux protagonistes sont alors rejoints par un troisième, Setenza, qui n'hésite pas à se salir les mains dans l'espoir de remplir ses poches. De multiples ingrédients font l'intérêt de ce film. Une histoire bien menée, une musique géniale (d'Ennio Morricone, le compositeur pour cow-bows), mais aussi peut être une représentation de notre société à travers la psychologie de ces trois personnages. Et comme le bon n'est pas joué par Chuck Norris, ça ne donne pas dans la psychologie à deux balles. Joe, le bon Clint, il aime le pognon, et il est même un peu égoïste sur les bords puisque la guerre nord-sud ne le passionne pas plus que ça. Mais au fond, il est good : il ne tue pas pour le plaisir, il reste serein en toute occasion, et n'est pas rancunier pour un sous (ni même pour 20000). Il va même jusqu'à laisser une petite partie du butin à Tuco à la fin du film. Ce dernier par contre (auto proclamé "seigneur Tuco"), ferait n'importe quoi pour s'enrichir. Ainsi, il dégomme ou fait du lèche botte selon les occasions (ca ne vous rappelle pas des personnes au boulot, ca ?). Caractéristique de cette hypocrisie, la scène où il emmène Joe dans le désert pour le tuer puis le sauve et le chouchoute une fois que ce dernier a appris (d'un soldat mourrant) le nom de la planque au trésor : "blondin, mon ami, tu as failli y passer, heureusement que j'étais là". Setenza, enfin, n'est pas une brute à la Bud Spencer qui tapes avec le poing sur le sommet de la tête, mais une sorte de méchant raffiné qui frappe sans s'énnerver et qui aime la bonne musique (un peu comme le personnage principal d'Orange mécanique ou encore Hannibal Lecter dans le silence des agneaux). A la fin, c'est Joe le Winner bien sûr, après un long face à face sous le soleil comme Sergio Leonne sait si bien les filmer.
              
Des répliques cultes :

"dis donc toi, tu sais que tu as la tête de quelqu un qui vaut 2000 dollars?"
- oui mais toi tu n a pas la tête de celui qui les encaissera
"Tu es le fils de tout le monde, t'as pas un père tu en as mille"
"Le monde se divise en deux catégories , ceux qui ont un flingue et ceux qui creusent, toi tu creuse"
"Celui qui me fait une entourloupete et me laisse la vie sauve c'est qu'il n'a rien compris à seigneur Tuco"
"Dès qu'un cocu s'en va, il en arrive un autre"


Wall Street

Wall Street raconte, par le jeu de deux personnages, l'ascencion puis la chute de ceux que l'on appelait dans les les années 70 les "golden boys". Bud Fox, jeune employé d'une société de courtage, rêve de réussite dans un monde dominé par les grands financiers. Gordon Gecko, est une référence dans ce milieu, un autodidacte qui a réussi grâce à sa tenacité et son sens des affaires. Il manipule des millions comme d'autres joueraient avec des pièces de monnaies. Le premier rêve de devenir le second, et c'est à son contact qu'il compte bien apprendre les ficelles du métier. Mais il n'est pas au bout de ses peines car son mentor ne donne pas dans les sentiments. S'il veut concrétiser ses ambitions, Bud devra alors mettre de côté certains principes. Peu de films ont décrit le monde des affaires avec autant d'efficacité que Wall Street. On y retrouve les hommes dans leur relation au pouvoir et à l'argent. Différents personnages représentent différents agissements. Gordon Gecko est un homme affairiste et ammoral, qui ne lésine sur aucun moyen pour s'enrichir. Toujours insatisfait, il ne croit qu'au pognon et regarde tout le reste avec cynisme. Même ses conquêtes féminines semble n'être qu'une composante de sa richesse, comme les tableaux qu'il collectionne... A l'opposé, le père de Bud représente la sagesse. Il croit aux bons vieux principes de travail productif, d'honnêteté, de respect des autres... Bud est alors tiraillé par ces deux extrêmes. Fasciné par l'argent et le pouvoir, il est prêt à se compromettre, mais jusqu'à un certain point. Lorsqu'il réalise jusqu'ou Gecko est capable d'aller, il finit par s'en éloigner et rejoint ainsi la position de son père. Certaines répliques révèlent la dureté et l'arrogance du monde de la haute finance : "C'est une guerre de tranchée, il n'y a pas de pardon" ou "si tu veux un ami, paie toi un chien". D'autres vont plus loin en dénonçant les principes mêmes de la spéculation boursière "on ne produit rien ... on prend l'argent dans une poche, on le met dans une autre et on récupère notre commission au passage" jusqu'à critiquer l'illusion démocratique de nos sociétés occidentales "on décide de la guerre, de la paix, du prix des brosses à dent" ... "tu ne croit quand même pas que l'on vit dans une démocratie". "Wall Street" signifie en Français "la rue du mur". La fin du film paraitrait presque suggérer "la voie qui va dans le mur".
                    

The big Lebowski

The Big Lebowski, c'est l'histoire d'un branleur. Pas celle d'un dépressif ou d'un fils à papa pété de pognon, non, celle d'un vrai feignant, un mec pour qui ne rien faire est un art de vivre : il n'aime pas travailler et il est habillé comme un pilier de bar PMU le dimanche matin (de ceux qui se lèvent à 6 heures du mat pour aller au bar parce qu'ils préfèrent le ballon de rouge au bol de banania). A y regarder de près, il porte même des méduses (les chaussures transparentes qu'on était obligé de mettre, petits, pour marcher sur les rochers). Des mecs de ce genre, y en a plein les rues, certes, et y en a même plein qui perçoivent des salaires. Lui, sa passion c'est le bowling, passion qu'il partage avec deux potes aussi déjantés que lui : Walter (une brute épaisse, ancien du Vietnam), et Tony, un gringalet émotif (ça le perdra) et toujours à coté de la plaque. Le film s'articule autours de ces trois personnages, et cela donne dans l'ensemble quelque chose de très drôle. Sur fond de satyre sociale (le film se moque tout à tour des glandeurs, des riches, des vétérans, des artistes, des producteurs de films ...), la réalisation enchaine une série de scènes hilarantes et de répliques cultes. Cela commence par l'agression de Lebowski chez lui par erreur (il porte en effet le même nom qu'un malfrat qui n'a pas payé ses dettes). Il a beau dire que ce n'est pas lui, les méchants ne veulent rien savoir : "Tu t'appelles Lebowski, Lebowski !" et partent en pissant sur le tapis. Et là, ils n'auraient pas dû, parce que pour un branleur, le tapis du coin télé c'est vachement important. Lebowski décide alors d'aller faire rembourser son tapis par l'autre Lebowski, le mauvais payeur. Parmi les scènes marquantes du film, il y a celle où Walter sort un flingue en pleine partie de bowling pour faire respecter les règles du jeu "On est pas au Vietnam, on est au bowling, y a des règles!", celle ou Tony meurt d'une crise cardiaque lors de l'altercation avec les nihilistes allemands ou encore le moment où Walter balance les cendres de son pote (contenues dans une boite de bonbons) qui avec le vent retournent en plein dans la figure de Lebowski. Tout cela est très bien joué et on ne s'ennuie pas une seconde.