Cuitas les bananas (Philippe Risoli)



Y'a des jours tu sais pas pourquoi
Ca devrait marcher, ca marche pas
Y'a des nuits tu sais pas pourquoi
Tu devrais dormir mais, tu dors pas
Tu voudrais être eclaboussé par le soleil
Mais t'as les boules, pas la frite
T'as les abeilles

{Refrain} Elles sont cuitas, les bananas
Decoupées en dos, les patatos
Cuitas, les bananas
Decoupées en dos, les patatos

Y'a des jours tu voudrais zapper
Ou tomber en panne d'oreiller
Y'a des nuits ou tu dynamites
Tu sais même plus ou tu habites
T'as meme pu le temps de laisser le temps au temps
Trop tard t'as le petard
Tête dans le sac, le gros cafard

{au refrain}

Y'a des jours tu sembles epanoui
Mais tu t'evapores dans la nuit
Y'a des nuits ou tu cours toujours
Ces nuits la ressemblent à des jours
Les chats sont gris la nuit porte conseil
Mais t'es bancal drapeau rouge
T'as les abeilles

Et non! "Cuitas les bananas" n'est pas un slogan de fête foraine mais le titre d'une chanson de variété. On pense alors naturellement à la chanson franchouillo-festive du style " Viens boire un pt'it coup à la maison" ou "c'est la chenille qui redémarre". En fait, la chanson traite de la fatigue nerveuse en général. Dès lors, on ne comprend pas le rapport entre le refrain que l'on croirait improvisé par un animateur chez Super U vantant les réductions sur les sacs de patates et des couplets aussi passionnant qu'une notice de Prozac racontée par un pilier de bar. "tu dors pas", "ca marche pas", "t'as le pétard", on s'attendrait presque à une liste de contre-indications : "évite de boire de l'alcool", "bois régulièrement de l'eau". Remarquez l'emploi du négatif pour un remplissage en masse des paroles : "ca devrait marcher, ca marche pas", tu devrais dormir, tu dors pas", "tu voudrais écrire une chanson", "tu fait un gribouilli de gosse" ... Quant aux expressions, il faut les comprendre : "avoir les abeilles" semble nous rapeller qu'une abeille ça fait mal, "t'as les boules pas la frite" révèle quant à elle les préférences du chanteur en termes de patatos : vive les pomme noisettes, ou plutôt pommos noisettos. Bon bref, c'est de la chanson fabriquée à la chaîne et qui pourrait éventuellement s'écouler au stand animation des parking de grandes surfaces. Malheureusement, ça se vend au rayon CD et ça s'achète même peut être (on ne connait pas d'acheteurs pour l'instant, sinon on mettrait leurs photos). J'ose même pas imaginer que la chanson puisse passer à la radio, j'en voudrais à mes parents de m'avoir dit qu'il faut travailler à l'école pour réussir. Parce qu'au collège, j'aurais écrit des trucs comme ça dans une rédaction, on m'aurait dirigé vers une classe spécialisée. Bien que l'on ne connaisse pas les autres chansons de l'album on peut imaginer le style Risoli dans d'autres thèmes ô combien intéressants : le goûter "fait pétos les pépitos, fas caguas les granolas", les virus hivernaux "chios liquidos" ou encore l'excitation pré copulatoire "caliente las couillas". Il est risolé comme les patatos le risoli ! Quel est le juste prix de cette merde : "c'est gratos muchachos".

Je te survivrai (Jean Pierre FRANCOIS)



Dans les miroirs chinois
Dans le bleu des photos
Dans le regard d'un chat
Dans les ailes d'un oiseau
Dans la force d'un arbre
Dans la couleur de l'eau
Je te survivrai

Dans l'hiver et le vent
Dans le froid des maisons
Dans les sables mouvants
O j'éirai ton nom
Dans la fièvre et le sang
Dans les murs des prisons
Je te survivrai

Je te survivrai d'un amour vivant
Je te survivrai dans des yeux d'enfant
Je te survivrai comme un revenant
Je te survivrai

Je te survivrai et tu m'entendras
Je te survivrai quelque part en toi
Je te survivrai au-delà de moi
Je te survivrai

Dans les bruits de la ville
Dans les aéroports
Dans les jours difficiles
O je t'aimerai encore
Dans les nuits anonymes
O je perdrai mon corps
Je te survivrai

Je te survivrai d'un amour vivant
Je te survivrai dans des yeux d'enfant
Je te survivrai comme un revenant
Je te survivrai

Dans les frissons du cur
Dans les mots des chansons
Dans les cages d'ascenseur
Ou les caves des bas-fonds
Dans l'angoisse et la peur
Frissonant d'émotion
Je te survivrai

Je te survivrai d'un amour vivant
Je te survivrai dans des yeux d'enfant
Je te survivrai comme un revenant
Je te survivrai

Je te survivrai et tu m'entendras
Je te survivrai quelque part en toi
Je te survivrai au-delà de moi
Je te survivrai

Je te survivrai d'un amour vivant
Je te survivrai dans des yeux d'enfant
Je te survivrai comme un revenant
Je te survivrai

Je te survivrai et tu m'entendras
Je te survivrai quelque part en toi
Je te survivrai au-delà de moi

Je te survivrai Je te survivrai d'un amour vivant
Je te survivrai dans des yeux d'enfant
Je te survivrai comme un revenant
Je te survivrai

Oulala !!! Que l'école a du sembler longue au jeune JP Francois. Des moqueries de ses camarades aux devoirs écrits retournés en pleine figure, ça n'a pas du être facile. Et pourtant il a cru en lui et a même bluffé tous les acteurs éducatifs et sociaux de sa jeunesse. Des maîtres d'école aux médecins de l'armée en passant par les assistantes sociales du collège, il semble que personne n'ait rien remarqué de sa différence intellectuelle, puisqu'on en arrive a lui refiler un micro à l'âge adulte. Le Français n'est pourtant pas sa passion. "Survivre" est peut être un verbe à conjuguer à la première personne du singulier, mais lui s'en branle. "je te survivrai" dit il à sa femme lorsqu'il s'aperçoit qu'on monte ne pas au ciel tout habillé une fois qu'on est mort. Et puisque personne n'a osé lui faire la remarque, il a continué. A la naissance de son fils, au lieu de "je t'apprendrai à marcher" il a dit "je te marcherai" puis plus tard, en l'emmenant à la piscine, "je te nagerai". Il avait certes conscience de ses lacunes en conjugaison mais avec sa profondeur d'esprit, il pensait être au dessus de ça. Seul un poète peut en effet imaginer des expressions telles que "Dans la force d'un arbre", "Dans les murs des prisons" "Dans le froid des maisons". Ca sent l'étude de texte au bac de Français. C'est même un peu élitiste. Par exemple, n'allez pas croire que l'eau est forcément transparente, "Dans la couleur de l'eau", nous rappelle qu'il y a aussi les bains moussants roses ou bleus. Et oui, on voit les choses différemment lorsqu'on est amoureux. Et c'est pas un amour à deux balles, c'est l'amour d'"un revenant" (genre film de vampires à la dracula) qui est aussi, il faut bien le préciser, "un amour vivant" (parce que l'amour mort c'est pas super). Après quelques paroles pour se chauffer, JP passe en mode automatique et n'a plus peur de rien : dans "les cages d'ascenceur", "dans les aéroports", "dans les bruits de la ville", "dans les gaz d'échappement" (merde, ça c'est moi qui l'ai rajouté). Il entre en transe "je perdrai mon corps", "quelque part en toi", "au-delà de moi", " les frissons du coeur". Mais comme l'a dit un poète latin "les paroles meurent, les écrits demeurent". JP n'a certes pas fait de latin mais il le sait. Il ne va donc pas seulement crier son amour, il va aussi l'écrire... et dans les sables mouvants en plus, sinon c'est trop facile; dommage donc pour celui qui le lira, lui il survivra pas. La chanson non plus ne survivra pas d'ailleurs ...